F. Piquionne et H. Ilunga ne se quittent plus

Ces deux-là sont décidément inséparables ! Arrivés tous deux cet été à Créteil, Frédéric Piquionne et Hérita Ilunga n’en sont pas à leur premier vestiaire partagé. Stade Rennais, Saint-Etienne, West Ham, Doncaster…autant de clubs dans lesquels les deux compères ont eu le bonheur d’évoluer ensemble. Coéquipiers sur le terrain, les deux joueurs sont aussi bons amis en dehors. Esprit Bélier est allé a leur rencontre, recueillir leurs souvenirs communs de ces années partagées.

Rennes : les grands débuts

Confortablement installés dans les canapés de la salle de presse de Duvauchelle, Frédéric Piquionne et Hérita Ilunga, deux nouvelles recrues estivales au passé glorieux, reviennent sur leur carrière pour Esprit Bélier. Leur premier contact, c’était à Rennes, en 2001, date de la signature de Piquionne dans le club breton. « Au début je jouais beaucoup en CFA, Hérita y jouait déjà depuis un an. C’est comme ça qu’on s’est connu » se rappelle l’attaquant. Hérita Ilunga ajoute : « Lui, il s’entrainait en pro, moi rarement. Mais quand il descendait jouer en CFA, il jouait le jeu. Cette année-là (2001-2002), on termine 3ème de CFA. Mais attention ! C’était pas le CFA de maintenant, il y avait Brest, Vannes, Pontivy,… que des grosses équipes ! » L’année suivante, H. Ilunga part faire une saison à l’Espanyol Barcelone, avant de signer en 2003 à l’AS Saint-Etienne.

« Sainté » : les années folles

Sa première année à Saint-Etienne, Ilunga la fait en Ligue 2 (Saint-Etienne sera champion de Ligue 2 cette saison-là). Hérita se souvient notamment du match à Créteil (victoire 1-0 des Béliers) : « C’était un match compliqué. On domine, mais Hernandez (ASSE) prend un rouge à la fin… Je sais qu’on les a rejoués après en coupe l’année suivante ». Frédéric Piquionne arrive l’année suivante, pour le retour des Verts en Ligue 1 (2004). « On fait une belle saison » se souvient Frédéric Piquionne. « On finit sixième et on perd en demi-finale de la Coupe de la Ligue à Strasbourg ». « Ça se passe super bien », confirme HéritaIlunga. L’année suivante, « l’année de la confirmation » comme l’appelle le défenseur, « commence très bien et finit mal ». Les Verts terminent 13ème, et l’entraineur Elie Baup, part en fin de saison. La troisième saison en Ligue 1 de Saint-Etienne laisse de très bons souvenirs aux deux joueurs. « La troisième année, on repart super bien avec Ivan Hašek ! » s’exclame Hérita Ilunga. Piquionne ajoute : « On perd le premier match à domicile contre Sochaux, et après c’était l’autoroute ! Tu venais au Chaudron : t’en prenais trois minimum ! Ça débarquait de partout ! Avec des joueurs comme Landrin, Dernis, c’était abusé ! Ce qui est dommage, c’est que je pars à Monaco à la mi-saison, quand on est troisième, mais ça a été six mois exceptionnels ! » Hérita Ilunga finit la saison avec les Verts, avant de faire une année à Toulouse, puis met le cap sur Londres, en signant en 2008, à West Ham.

West Ham, Doncaster : les années à l’anglaise

Frédéric Piquionne rejoint les Hammers en 2010, chez lesquels il retrouve, une fois de plus, Hérita Ilunga. Pour les deux Cristoliens, ces années en Angleterre leur laissent de moins bons souvenirs, du moins sur le terrain. « Ça se passe moyennement » nous confient-ils. l’ex-international tricolore, qui avait fini dernier de Premier League la saison précédente avec Portsmouth, finit à nouveau dernier de Premier League lorsqu’il arrive à West Ham. Ilunga, après deux bonnes premières saisons chez les Hammers de 2008 à 2010, est victime de blessures à répétition qui le gardent éloigné des terrains pendant une bonne partie de la saison. L’année suivante, Hérita Ilunga part en prêt à Doncaster, et Frédéric Piquionne le rejoint à la trêve hivernale. Ilunga regrette le manque de cohésion dans le groupe : « On n’avait pas tous le même projet. Ça tirait un peu dans tous les sens. »

Et maintenant, Créteil !

Après une saison passée à Rennes pour Ilunga, et à Portland (USA) pour Piquionne, les voilà de nouveau réunis depuis cet été. Pour le plus grand bonheur des supporters cristoliens, c’est à Créteil qu’ils ont décidé de poser bagage ! Agés respectivement de 32 et 36 ans, les néo-cristoliens sont venus apporter leur expérience du haut niveau aux Béliers, dans le but de confirmer le maintien en Ligue 2 cette année. Une fois n’est pas coutume, c’est Hérita qui prend ses marques en premier, avant que Frédéric, rassuré, ne vienne le rejoindre. « Le fait que j’arrive avant lui, ça l’a sûrement aidé à prendre ses marques au départ et ça a facilité son intégration » nous confie Hérita. « Grâce à notre expérience et tous les matches qu’on a faits ensemble, on essaye d’amener un plus au groupe » rajoute Frédéric Piquionne. Et quand les deux joueurs nous décrivent l’ambiance du vestiaire cristolien, ils sont unanimes. « Malgré les résultats qui ne sont pas fabuleux, paradoxalement, tout se passe bien dans notre vestiaire. On essaie de garder cet état d’esprit, c’est très important pour maintenir l’unité sur le terrain » affirme Hérita Ilunga. Frédéric Piquionne note une nette différence avec ce qu’il a connu en Angleterre : «C’est pas du tout pareil ! Déjà en Angleterre, il y a la différence de la langue. Ici c’est un groupe assez homogène, un groupe sain, et puis tout le monde tire dans le même sens. Je trouve qu’il y a un vestiaire super bien et ça me rappelle un peu les ambiances qu’on a connues à Saint-Etienne ! »

Des bons moments…

Quand on leur demande ce qu’ils retiennent de toutes ces années passées ensemble, on comprend tout de suite que leurs liens dépassent largement le côté sportif. « Il y a eu une affinité dès le départ », reconnaissent-ils, « et des tonnes de fous rires ! On a partagé tellement de vestiaires… » Puis Hérita Ilunga nous parle de tous ces bons moments partagés avec l’attaquant cristolien : « Je connais le joueur, je connais l’homme. Fred, il est facile ! Avec lui, on se comprend tout de suite ! Nos familles se connaissent très bien. On a fait plein de choses ensemble : des vacances en famille, des jours de l’an… A Londres, on sortait énormément ensemble ! »

…et quelques regrets

Si les deux joueurs ont fait le bonheur des plus grands clubs français et anglais, leur principal regret est de ne pas avoir réussi à gagner un titre. « Ce qui est dommage », nous dit Piquionne, « c’est qu’on a jamais rien gagné ensemble. J’ai fait une seule finale dans ma carrière, avec Portsmouth (finale de la FA Cup 2010, perdue contre Chelsea, ndlr), et puis c’était sans Hérita. En fait, les bons moments partagés ont été plus hors du foot que sur le terrain. Collectivement, il y a aussi eu des grands moments, c’est sûr ! Quand tu tapes le PSG 3-0 à la maison, ou quand tu bats l’OM au Vélodrome en marquant à la dernière minute, ça fait des moments magiques, des trucs de fou ! Des grands moments de joie et de victoire. Mais j’aurais bien aimé gagné un truc collectif. » Et Ilunga rajoute : « Pourtant, t’avais ce qu’il fallait pour remporter quelque chose ! Il y avait les joueurs, la mentalité, l’ambiance… Quand Fred est parti (de Saint-Etienne), on était 3ème ! Et franchement, si on avait été premier, personne n’aurait crié au scandale ! A ce moment-là, on marchait sur l’eau. Mais après, on arrivait à rien… »

 

Hérita vu par Frédéric…

« C’est un très bon coéquipier. A la base il a été formé latéral gauche à Rennes. Quand il y avait Hérita à gauche, tu pouvais faire ce que tu voulais, tu passais pas ! Il est très malin. Il réfléchit beaucoup. Hérita, c’est un mec assez réservé, mais quand il faut aller au charbon, il est toujours là. Dans le vestiaire et sur le terrain, c’est quelqu’un qui sait manager. Il sait aussi remettre les gens en place : quand tu fais une connerie, il te recadre. C’est quelqu’un de bien, de généreux. Il a un grand coeur.

 

Frédéric vu par Hérita…

« Je l’ai vu énormément évoluer au fil des années. Au départ, il y avait beaucoup de précipitation chez lui. Il ne calculait pas beaucoup, il faisait tout à l’instinct, avec efficacité et vivacité ! Après, avec l’âge et l’expérience, il a commencé à s’organiser, il est devenu complet. Il a même joué en équipe de France ! Mais il a pas eu de chance. Il y avait une concurrence folle en équipe de France à son poste avec la génération Henry, Trézéguet, Saha, Cissé, Wiltord, etc. En France, c’est un exemple. Il a pas fait de centre de formation. Moi j’ai fait un centre de formation, mais après, il y en a plein qui sont cuits ! Au centre, t’es complètement coupé de la réalité. Lui, du coup, il a pas été coupé de cette réalité de 14 à 18 ans. C’est ça qui a fait sa force. Il était tout de suite prêt en tant qu’homme. »