Le tendon d’Achille, le point faible du footballeur ?

Qu’il s’agisse de grands professionnels comme David Beckham ou d’illustres inconnus, la rupture du tendon d’Achille n’épargne personne, et pour cause. Il n’existe aucune prévention, aucun échauffement pour éviter cet accident brutal. Mais il est toujours utile d’en savoir plus sur son anatomie et sur les risques qu’elle encoure. Alors, faisons le point avec le médecin de l’USCL, Nicola Bompard.

Qu’est-ce que c’est ?
Le tendon d’Achille est le plus gros tendon du corps humain. Il mesure 15 centimètres de long et entre 0,5 et 1 centimètre de diamètre. Il peut résister à une charge de 400 kilos. Situé sur la partie postérieure de la jambe, ce tendon relie le mollet (triceps sural) au calcanéum, l’os du talon. Il nous permet de nous mettre sur la pointe des pieds (flexion plantaire), et de nous propulser vers l’avant pour la marche, par exemple.

L’accident
Il est assez rare et survient de manière fortuite et brutale, la plupart du temps lors d’un démarrage, d’une course vers l’avant ou de la réception d’un saut. Le sujet s’écroule après avoir ressenti une violente douleur à l’arrière de la cheville, croyant avoir reçu un coup. Le plus souvent, la rupture se produit sur un tendon sain, sans qu’il y ait nécessairement un passé de tendinopathie. Après l’accident, l’arrière de la cheville est gonflé, mais peu douloureux. La marche reste possible avec une légère boiterie. Le fait que la flexion plantaire du pied soit toujours possible grâce à des muscles agonistes (qui ont le même rôle) entraîne  souvent des retards de consultation voire de diagnostic.

La conduite à tenir
Tout d’abord, il faut cesser impérativement l’activité sportive au risque d’aggraver la lésion et glacer la blessure (eau, poche de glace etc…) pour limiter l’inflammation. Il est également conseillé de mettre un bandage et de surélever la cheville. Il est ensuite indispensable de consulter un spécialiste qui réalisera le diagnostic.

Le diagnostic
Le diagnostic est uniquement clinique, aucun examen complémentaire n’est nécessaire. Malheureusement, dans 30 à 40% des cas, la rupture du tendon d’Achille est étiquetée à tort comme un accident musculaire. Pourtant, les signes cliniques sont simples à identifier. Lorsque le patient est allongé sur le ventre, les pieds en dehors de la table, la pression manuelle du mollet ne déclenche aucun mouvement de flexion du pied contrairement au côté sain (signe de Thompson). De plus, l’inspection montre une augmentation de la dorsiflexion passive du coté de la lésion (signe de Brunet). Car le talon n’étant plus maintenu par le tendon, l’angle de la cheville se rapproche de 90°, et le bout du pied est orienté vers le sol contrairement au pied sain qui est orienté davantage vers l’arrière.

Le traitement et le retour à l’activité
Il y a deux traitements principaux, l’un chirurgical, l’autre orthopédique. L’intervention chirurgicale consiste à ouvrir et à recoudre les deux extrémités du tendon déchiré. Elle sera suivie d’une immobilisation plâtrée de 3 à 6 semaines. Il existe une variante chirurgicale moins invasive : l’intervention percutanée. Dans ce cas, les deux extrémités sont harponnées à travers la peau puis rapprochées l’une de l’autre pour que le tendon se reconstruise. Cette technique permet un retour plus rapide, mais quelle que soit la technique chirurgicale choisie, il faut compter un délai de 4 à 6 mois avant la reprise du football.
Le traitement orthopédique s’adresse aux ruptures récentes. Il s’agit de plâtrer la cheville en équin (pointe du pied vers le bas) pendant 6 semaines, puis encore pendant quatre semaines en redressant le pied progressivement tous les 10 jours. Le port d’une talonnette sera exigé après les 10 semaines de plâtre. Dans ce cas, la reprise de l’activité ne sera pas autorisée avant 8 mois environ.

Par le Docteur Nicolas Bompard
Photo AFR José Lopes
Images Jogging International